Plogoff anti-nucléaire ?

Loïc · 2006-04-12 23:24:19

Bonsoir,

Ce message fait suite à la projection des films "Des pierres contre des fusils" et "Le dossier Plogoff" à la salle municipale de Plogoff le 7/05/200. La projection était organisée par le GAPAS à l'occasion de leur festival du film "Ta mer en film".

Un débat devait avoir lieu à la fin de la projection. Une militante antinucléaire, croyant prêcher à des convertis, a pris la parole pour convaincre l'auditoire de se rendre à une manif anti-nucléaire à Cherbourg. Rapidement, l'intervention a causé la fuite massive des spectateurs.

Pensez vous comme cette militante qu'il subsiste un esprit anti-nucléaire dans le Cap et plus particulièrement à Plogoff ? J'aurai tendance à penser que cette lutte était d'abord contre la centrale, l'anti-nucléaire venant après.

Beaucoup d'amalgames ont été faits, étant né en 81, j'ai du mal à me faire une idée. J'aurai bien évidement lutté contre l'implantation de la centrale (dans un tel lieu c'est impensable) mais de là à refuser totalement le nucléaire...utopie ?

Si certains ont vécu ces évènement, j'aimerai connaître leur avis wink
Loïc

Plijadur · 2006-04-13 08:28:26

Je félicite celui qui ose poser cette question. Enfin, un débat d'idées sur le forum. Et je précise que le point de vue que je vais exprimer, se situe dans le respect du point de vue des autres.
Tu dis être né en 81. Moi c'était un peu et même beaucoup avant. L'histoire sur laquelle je ne m'étendrai pas, a voulu que je sois amené à côtoyer 2 des principaux responsables de ce que l'on appelé le maintien de l'ordre. L'un de ces responsables avait même été mon voisin de chambre à une certaine époque; Je n'ai pas été mêlé directement aux évènements car je ne résidais pas encore dans le Cap, qui est cependant mon pays natal. Toutefois, au cours d'un passage, j'avais cru devoir exprimer mon opinion personnelle en devenant membre du groupement foncier agricole par l'achat d'un titre de propriété? Si j'avais résidé ici, je pense que j'aurais pu me trouver en face de ceux qui avaient été mes camarades dans la vie professionnelle;
Mon titre de propriété était symbolique, mais il correspondait à l'expression d'un sentiment personnel !! Si cette centrale s'était faite, je ne serais pas revenu ici. Et, pour l'anecdote, lorsque le verdict des élections présidentielles est tombé en 1981, j'ai embrassé mes proches car on savait dès lors que la centrale ne se ferait pas.
J'ai fait de nombreuses recherches sur le sujet, et j'ai lu quelque part que faire une centrale près de la Pointe du Raz, était aussi stupide que de faire un projet au Mont Saint Michel où pourtant, les courants marins sont encore plus forts qu'ici. Un des principaux responsables que je connais bien, a reconnu à la télévision qu'il aurait fallu arrêter l'enquête d'utilité publique, ce qui n'était pas de sa compétence;
On m'a reproché de bien vouloir le nucléaire chez les autres et pas chez moi. Cet argument ne tient pas car le problème est de savoir si on peut s'en passer ou pas. A voir certains évènements d'actualité, cela mériterait une réflexion approfondie et même un débat. J'ajoute que certains, qui s'étaient fait remarquer par des positions intempestives en faveur de la centrale, sont devenus aujourd'hui des responsables locaux. Et à travers certains de leurs comportements qui témoignent d'un total manque de respect de l'environnement ( on peut voir mon blog à ce sujet), on peut se demander ce qui se serait passé si le projet avait abouti. Voilà quelque éléments de réponse du doyen d'âge du forum qui ajoute ses féléicitations à celui qui en est peut-être le benjamin.

Loïc · 2006-05-29 11:28:51

J'ai réçu une réponse à cette discussion par email, son auteur m'a autorisé à la diffuser ici.

Ce message fait suite à la réaction de Loïc sur à la projection des films "Des pierres contre des fusils" et "Le dossier Plogoff" à la salle municipale de Plogoff le 7/05/200. La projection était organisée par les jeunes du GAPAS à l'occasion de leur festival du film "Ta mer en film".La militante antinucléaire en prenant la parole pour convaincre l'auditoire de se rendre à une manif anti-nucléaire à Cherbourg a effectivement provoqué le départ des spectateurs et les 2 scénaristes présentes dans la salle n'ont pas pu en placer une.
C'est toujours dommage de constater qu'un écologiste tienne aussi peu compte de l'environnement dans lequel il se trouve.Les gens présents étaient venus pour discuter entre eux et soutenir les jeunes, leur festival et pour certains témoigner. Les jeunes n'en tiennent pas rancune mais c'est dommage. En tout cas, ils ont beaucoup appris.

Sur le deuxième aspect, je ne suis pas certain que Loïc ai raison : la lutte contre le nucléaire, c'est aussi une lutte contre un état policier nécessaire pour protéger cette industrie dangereuse qui est soumise au secret et qui est exclue du débat démocratique. La lutte de Plogoff , c'est aussi la lutte contre cet arbitraire. Elle n'est pas
égoïste.
J'étais jeune à l'époque et j'ai beaucoup manifesté à Plogoff comme à Quimper. J'ai le souvenir d'une lutte généreuse ouverte sur le monde.(on le voit d'ailleurs bien dans les 2 films) Il ne faut pas oublier que les capistes sont aussi des marins et des voyageurs.Par ailleurs ils accueillent tant de touristes!
Daniel Cueff
Secréaire général du GAPAS

Pentrez · 2006-06-11 17:21:57

J' etais un jeune ado lors du grand "debat" de Plogoff. Debat, bien grand mot ! L' etat Jacobin n' abandonne que tres rarement ses prerogatives surtout lorsqu' il s' agit des grands projets de l' etat.

Je suis alle fouler les terres de Plogoff avec ma famille. Les raisons etaient nombreuses, du danger du nucleaire dans "la cour ou les enfants jouent" au choix "judicieux" d' un site touristique sans equivalent qu' une centrale aurait certainement redoree... Le plus agacant sans doute, avec la perspective que j' en ai aujourd' hui, etait le caractere peremptoire et autoritaire d' une decision faite par les "hauts fonctionnaires" de l' etat, qu' on allait imposer a ces bouzeux de bretons. La perspective des emplois dans une region qui en avait besoin etait sans doute suffisamment tentante pour soudoyer quelques politiciens ( locaux pour certains - Se reconnaitront-ils aujourd' hui ? ), mais guere suffisante pour amadouer les "combattants" bretons.

Le projet de centrale fut retire lors de l' election de Miterrand. Choix tactique sans doute car la conviction de l' etat - (independamment de sa couleur politique ) et dans son sillage de ses groupies du lobby energetique est restee la meme.

Pour ou contre le nucleaire, est un debat important qui ne doit pas etre laisse aux politiques seuls ni aux demagogues de tout poil.

Michel

Forum du Cap-Sizun

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