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Une étude récente menée dans le cadre d'un programme de coopération transnationale entre l'ouest Cornouaille et la région du Devon en Angleterre a démontré que les déchets en échouage sur les plages de la Baie d'Audierne étaient à 70% issus de l'activité de pêche, alors que ces mêmes déchets liés à la pêche ne représentent que 30% sur les côtes du Devon.
Quelqu'un veut-il se lancer à essayer de donner une explication?
Je n'accepterai pas l'explication renvoyant à nos pêcheurs qui seraient moins "responsables" que leurs homologues british. C'est forcément à ça qu'on pense en premier, mais si c'était aussi facile, je n'aurais pas posé la question.
Cherchez moi autre chose.
Gil29
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Ne serait-ce pas une question de courant?
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C'est bien une histoire de courant, mais c'est tout sauf une histoire simple.
Mais comme je la trouve plutôt jolie, je vais essayé de vous la raconter.
Vous avez forcément en tête l'image de ces rivières qui coulant tranquilement abordent un secteur pentu et se transforment sur quelques mètres en rivière tomentueuse. L'eau est lisse et plate, et sur quelques mètres, son apparence change du tout au tout, tourbillons, effets de déferlement, écume etc...
Essayez maintenant d'imaginer la Manche comme une rivière qui coulerait 6 heures vers le nord-est avec la marée montante puis 6 heures dans le sens inverse avec la marée descendante. D'accord ça fait une grande rivière mais bon! Admettons pour les besoins de l'exercice.
Avec une vitesse de 5/6 km/h ça en fait une rivière plutôt calme.
Mais là aussi, dans le sens montant, les côtes se rapprochent, les fonds remontent et se font de plus en plus rugueux : notre grosse rivière indolente se ransforme en flot impétueux. En été tout particulièrement, le phénomène sera sensible car les eaux du large très nettement stratifiées avec des températures de surface à 17° et des températures de fond à 12° vont se mélanger sur quelques centaines de mètres seulement pour donner un flot homogène à 13 ou 14°.
Le mécanisme de brassage ne dure qu'une petite demi heure à chaque cycle de marée, mais que de manifestations intéressantes autour de ce bref phénomène. La rencontre du flot de marée montante qui arrive du large se heurte à un restant de courant descendant et ce sont des millions de litres d'eau du flot montant qui vont glisser sous les eaux de descendante nettement plus statiques. Le phytoplancton et le zooplancton des zones de surface plongent en quelques minutes par 100m de fond, où attendent sardines, lançons, anchois, eux-mêmes coursés par les poissons carnassiers tel que bars juliennes ou lieus jaunes. Dans le même temps, les éléments minéraux nécessaire au démarrage d'un nouveau cycle de vie planctonnique remontent en surface, ce qui permet à la photosynthèse de s'opérer.
Et tout ça sur une ligne de quelques centaines de kilomètres qui oscille en fonction des coéfficients de marée avec un point d'ancrage au nord en Cornouaille britannique, et une fin de parcours au sud un peu compliquée, contournant Ouessant et Sein par l'ouest pour fianalement venir se rattacher à la côte en baie d'Audierne.
Ce phénomène si particulier s'appelle le front d'Ouessant, et quelques belles images satellitaires permettent de voir les différences de température de part et d'autre du front, ou encore les concentrations en chlorophyle trahissant l'intensité de l'activité planctonique.
Et les déchets dans tout ça me direz vous?
Et bien les déchets, ils se font tout simplement piéger par le front de marée. Chaque fois que les masses d'eau plongent, les déchets flottants s'accumulent sur la ligne de démarquation, et 12 heures plus tard, ils ont toutes les chances de se faire happer à nouveau par le front. Et peu à peu, ce sont des milliers de bouts de filets, de baches, de planches, d'algues et de résidus en tout genre qui s'accumulent sur la ligne et ce jusqu'à,ce qu'une bonne série de vents de nord pousse le tout sur nos côtes.
Voilà, j'ai essayé de faire court.
Pour la petite histoire, 2 mathématiciens ont entrepris il ya quielques années de modéliser le phénomène en appliquant les principes de la dynamique des fluides. Vous imaginez des pages et des pages de calcul différentiel absolument incompréhensible pour le commun des mortels, et pour finir un modèle qui semble tenir la route. Se rendant sur place, ils pronostiquent avec précision la position du front en fonction des intensités de marées : exerice réussi, félicitations.
Et là ils se disent, si ça marche pour le front d'Ouessant, on n'a qu'à faire tourner le modèle mathématique sur toutes les mers d'Europe. Banco! Ils découvrent 1 nouveau front entre l'Irlande et le Pays de Galles et 2 autres en mer du nord.
Je trouve l'histoire plutôt jolie.
Là je vous parle des grands fronts, mais il y en a d'autres, des plus petits, tout aussi intéressants, et si vous êtes sages, je vous raconterai un jour pourqoi on pêche les maquereaux à la Pointe de Brezellec, et pourquoi il y a certains jours plusieurs degrés d'écart dans l'eau de part et d'autre de cette pointe.
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Attention, c'est tout sauf un savoir académique.
Je laisse aux chercheurs la rigueur, et moi je m'accorde la liberté de raconter les choses telles que je les ai comprises.
GIL29
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waouhh : )
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Très intéressant en effet, ça me fait un peu penser aux phénomènes de mascarets qu'on rencontre dans certaines rivières mais à une toute autre échelle.
Si j'ai bien compris, les déchets "s'entassent" sur une ligne à la surface de l'eau car ils flottent à la surface et ne peuvent plonger passivement entrainés par un courant vertical à la manière du plancton. Pas de bol, notre belle région se situe à l'extrémité de cette ligne et récupère une partie des déchets collectés "naturellement".
J'ai bon ?
*http://www.cap-sizun.com
*http://www.cleden-cap-sizun.com
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C'est exactement ça.
Mais il n'y a pas que les déchets qui se font piéger. De nombres organismes du zooplancton ont une capacité de nage qui leur permet d'éviter la descente forcée, et qui vivent aux abords des paquets d'algues. On pense que la larve de langouste qui a une phase de vie pélagique très longue de 12 mois vivrait préférentiellement dans ces zones de concentration.
Des oiseaux de mer ont aussi ont flairé l'aubaine. Un limicole plutôt rare, le phalarope aime à stationner sur ces fronts de marée. De même pour le petit pétrel tempète, qui "butine" ces zones à la façon d'un papillon.
GIL29
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Intéressant en effet.
Concernant les déchets, quand est t-il du ramassage dans le cap ?
moi je suis originaire du Nord Finistère et là bas, des assos existent (dont je faisais partie "SURF RIDER FONDATION" ) qui organisent des session de nettoyage des côtes. Quelqu'un sais si quelque chose est fait dans le cap à se sujet ?
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Oui il y a des journées de ramassages de déchets sur les plages organisées aussi par les surfers.
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